Les 220 kilomètres de littoral que possède le Liban en font une véritable attraction parmi les pays de la région. Mais la pollution de la côte méditerranéenne affecte de plus en plus les plages du pays et soulève une question primordiale avant la saison d’été: Peut-on se baigner dans la mer cette année?

Au Liban, les baignades dans les zones interdites sont très fréquentes.

La température frôle les 30 degrés, le ciel est bleu, la mer est calme… Ce sont les conditions parfaites pour se baigner. De Saïda à Jiyeh, de Beyrouth à Jbeil, le littoral ne manque pas de plages agréablement aménagées.

Quelques-unes sont même comparables aux plages d’Hawaï! «Les plages privées poussent comme des champignons sur la côte depuis l’an 2000», explique Rami, 35 ans, maître nageur sur
une plage privée à Jiyeh. «Le retrait des Israéliens a encouragé les Libanais à construire des espaces balnéaires privés dans le Sud du pays», ajoute-t-il.

La corniche de Beyrouth - Photo Elie Wehbé / BelleBeirut
La guerre de juillet 2006 a été un cauchemar pour le littoral. En pleine saison d’été, les Israéliens ont bombardé les réservoirs de la centrale électrique de Jiyeh. Résultat: 35.000 tonnes de mazout déversées dans la mer et une marée noire qui menace toujours la vie aquatique du pays.

«Ce n’est pas surprenant de trouver des petits points noirs sur la plante des pieds après une baignade», indique Abou Fawzi, un vieux pêcheur à Jiyeh. «Cela fait plus de 20 ans que je pêche et croyez-moi, je n’ai jamais vu autant de saletés dans la mer de ma vie», poursuit le pêcheur.

En effet, la marée noire de 2006 est le moindre souci des Libanais : égouts, décharges de produits chimiques, débris, déchets… la mer Méditerranée est devenue la poubelle de la région.

Selon un rapport publié par Ahmad Houri et Saadieh El Jeblawi, dans le “Journal de l’eau et de la santé”, «plusieurs types de bactéries et de coliformes fécaux sont déversés au quotidien en grande quantités dans la mer. La charge polluante dans les plages a fait qu’une grande partie d’entre elles ont été déclarées inaccessibles pour les baigneurs».

En dépit de ce danger, les baignades dans les zones interdites sont très fréquentes. Le manque de campagne de sensibilisation de la part de l’État et l’absence d’enseignes de prévention contre la pollution des plages peuvent expliquer ces comportements à risque.

La décharge de Saïda - Photo Elie Wehbé / BelleBeirut

«Les allergies et les maladies de la peau sont les conséquences les plus fréquentes d’une baignade dans une zone où le taux de bactéries est élevé», explique Dr Lina Kebbé, dermatologue et spécialiste en maladie de la peau.

«Les effets dépendent de la fréquence et de la durée du contact avec la bactérie, et le genre de cette dernière. Mais il n’existe toujours pas d’études qui spécifient les conséquences à long terme», précise-t-elle.

«Au lendemain de ma baignade dans la mer sur une plage privée à Jiyeh, je souffrais d’une réaction allergique, mes yeux étaient rouges pendant deux jours», raconte Zahraa, étudiante en journalisme.

La majorité des plages privées se refuse à faire le moindre commentaire sur la qualité de l’eau de mer avant la saison d’été, les piscines et les aménagements de luxe étant en effet une source de
revenus très rentable.

La centrale électrique de Zouk - Photo Elie Wehbé / BelleBeirut

Les Libanais se sont rendu compte du danger de la pollution pour leur pays, et plus particulièrement pour le secteur touristique actuellement en plein boom.

La campagne de nettoyage lancée par le gouvernement il y a quelques semaines doit être le début d’une série d’actions, et non pas un effort symbolique et isolé.

Les études montrent que l’installation de stations d’épuration de l’eau réduirait considérablement la pollution de la “Grande Bleue”. En attendant, prendre ses précautions est encore le meilleur remède.

Les plages à éviter

En se basant sur les dernières études et les derniers rapports des ONG qui s’occupent de l’environnement, BelleBeirut a préparé cette carte qui vous indique les plages à éviter.

Cliquez sur l’icône rouge pour plus de détails sur la zone interdite en question.


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• Éviter les baignades à proximité des rivières polluées et les débouchées des égouts. À noter que les rivières les plus polluées sont: Nahr Antelias, Nahr Abu Ali.

• Éviter les baignades dans les zones industrielles: Nahr el Kalb, Zouk, Chekka.

• Éviter les baignades à proximité des décharges et des abattoirs: Karantina, Port de Beyrouth, Saïda.

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