Le taux de mortalité par le cancer du col utérin, causés par le papillomavirus humain (HPV), a presque triplé au Liban depuis 2012. Selon les dernières données du Centre International de Recherche sur le Cancer (IARC), publiées sur GLOBOCAN 2018, les décès dus au cancer du col utérin sont passés de 42 en 2012 à 125 en 2018. Les données montrent également que le nombre de cas de cancer du col utérin est passé de 113 à 192 nouveaux cas par an depuis 2012, une augmentation de presque 70%.

Le cancer du col utérin est l’un des rares cancers évitables avec le vaccin contre le HPV ainsi que le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses. Bien que le Liban n’ait pas encore mis en œuvre ces stratégies à l’échelle nationale, des pays qui ont de robustes programmes de prévention, comme l’Australie, ont récemment annoncé qu’ils étaient en voie d’éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2028.

« Il est alarmant de constater que, malgré les preuves solides en faveur de la vaccination contre le HPV, qui s’est prouvé efficace pour prévenir le cancer du col de l’utérus, très peu de pays du Moyen-Orient ont mis en oeuvre le vaccin », a déclaré Dr Faysal El Kak, vice-président de la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique et professeur à l’Université américaine de Beyrouth. « C’est la responsabilité de chaque prestataire de soins de santé et de chaque politique de s’engager à mettre fin aux décès évitables de femmes liées au cancer du col utérin.»

Selon les données GLOBOCAN 2018, si les mesures drastiques ne sont pas prises pour promouvoir le vaccin et les dépistages réguliers au Liban, le nombre annuel de décès dus à cette maladie augmentera de plus de 60% d’ici 2040.
«La tragédie est que nous savons comment prévenir, détecter et traiter les maladies liées au HPV. Le manque de volonté politique, la stigmatisation et la désinformation sont autant d’obstacles à surmonter pour inverser cette épidémie et sauver des vies, , a déclaré Jawad Marji, responsable de la santé sexuelle et reproductive chez LeMSIC, partenaire de la coalition promouvant une campagne de sensibilisation sur le HPV au Liban. « Le nombre annuel de cas de cancer du col utérin au Liban étant assez faible, le pays est particulièrement bien placé pour être le premier de la région à éliminer le cancer du col de l’utérus si des mesures appropriées sont prises. »

Depuis 2009, l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS) a recommandé d’inclure le vaccin anti-HPV dans les programmes nationaux de vaccination et considère comme un des « meilleurs choix » . Une approche globale est nécessaire pour faire face aux taux élevés du HPV et du cancer du col de l’utérus. Cette approche doit également inclure des dépistages, traitements, une éducation pour les hommes et femmes et aussi des soins palliatifs. Avec l’appel à l’action du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’OMS, en faveur d’un effort mondial coordonné pour éliminer le cancer du col de l’utérus, cette maladie évitable est en train de devenir une priorité internationale.